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C’est le fruit d’un « long travail de négociations », loin d’être encore abouti. A la faculté des sciences de l’université Paris Cité, un chantier qui s’annonce immense a été amorcé : former les enseignants de toutes les disciplines à l’enjeu du siècle, celui de la crise climatique. Persuadée de « l’urgence » d’entreprendre un changement profond des enseignements face à un monde qui bascule, et donc de donner toutes les clés à ceux qui les dispensent, Gaëlle Charron, enseignante-chercheuse en physique, traîne depuis des années son bâton de pèlerin pour réclamer une politique ambitieuse en la matière.
Comment faire alors que les universités françaises se serrent déjà la ceinture ? « A Paris Cité, le budget des facultés a été raboté de 20 % l’année dernière. Alors, quand on évoque la nécessité de trouver des sous, on récolte forcément quelques fortes réactions de rejet », remarque celle qui a été nommée vice-doyenne à la transition écologique. Elle parvient toutefois à utiliser une enveloppe allouée par l’Agence nationale de la recherche pour l’innovation pédagogique – 2 millions d’euros sur dix ans –, et les premiers parcours de formation pour étudiants et enseignants voient le jour en 2023.
« Cela a permis d’obtenir des moyens. Pas encore à la hauteur de l’enjeu, mais on progresse », note-t-elle. Chaque année, environ cinquante enseignants volontaires sont formés, à hauteur de dix-huit heures passées à explorer les enjeux des limites planétaires et de la soutenabilité, et les outils pédagogiques pour les intégrer dans leur discipline. « On fait du lobbying afin que cela devienne obligatoire pour tous les enseignants entrants. Mais ce n’est pas encore entériné : pour cela, il faut une volonté politique forte à l’échelle de la gouvernance de l’université », souligne-t-elle.
Impossible pourtant de se passer d’une réflexion autour de la formation en profondeur du personnel enseignant, alors que les universités et les grandes écoles se voient réclamer d’intégrer massivement les enjeux de la transition dans leurs cours. Tous les étudiants de premier cycle devront en effet être formés à ces enjeux d’ici à 2025, demande le ministère de l’enseignement supérieur, dans une note de cadrage de 2023, reprenant des recommandations du rapport du climatologue Jean Jouzel sur le sujet.
Mais cette injonction s’était d’abord faite sans qu’aucun groupe de travail soit constitué sur la question de l’accompagnement des enseignants, qui, non spécialistes de ces enjeux, devront transformer leurs cours et maquettes – pourtant le nerf de la guerre. Enfin, après une consultation au début de l’été, une nouvelle note de cadrage spécifique a été envoyée aux chefs d’établissement en septembre. Elle préconise que tous les néo-entrants suivent des cours de sensibilisation, en ajoutant un volet obligatoire dans leurs heures de détachement déjà dévolues à leur formation pédagogique.
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